« Hôtel California » du groupe Eagles est sorti en 1976. Si l’on ne prête pas attention aux paroles, l’hôtel «California» donne l’impression d’un endroit idyllique où l’on arrive cheveux au vent, sous le soleil, libre comme l’air. C’est d’ailleurs une photo du luxueux Beverly Hills Hotel situé à Los Angeles, que le groupe choisira pour illustrer la pochette de son album. Pourtant le titre, aussi romantique soit-il, cache une réalité bien plus sombre. Celle d’un homme en proie à une folie passionnelle.
La chanson qui dure plus de six minutes, un record pour l’époque, retrace en effet la fuite d’un individu, enfermé entre les quatre murs d’un hôtel, qui s’avère en réalité un centre de désintoxication dont il ne pourra jamais sortir. Comme le chantait l’artiste : «You can check out any time you like/ But you can never leave» («Tu peux quitter l’hôtel quand tu veux/ Mais tu ne pourras jamais partir»).
La féminisation du vice est souvent associée à la drogue et à l’alcool. Tout au long de la mélodie, ces addictions sont omniprésentes. En effet, l’artiste évoque dans le premier couplet «la senteur tiède des colitas» (petits bourgeons), qui sont des joints de marijuana au Mexique. Plus loin dans le morceau, le terme «steely knives» (couteaux d’acier) ferait référence aux aiguilles de seringues.
Il semblerait que le narrateur soit également tombé sous le charme de l’alcool. «Please bring me my wine(…) / We haven’t had that spirit here since 1969 («Apportez-moi mon vin s’il vous plaît(…) / Nous n’avons plus cet alcool depuis 1969»).
Dans la droite lignée du Beat Generation qui dressait un portrait décadent de la jeunesse des années 1960 ou d’un Baudelaire dans ses Paradis Artificiels, la chanson Hotel California des Eagles incarne véritablement l’esprit libertaire de toute une époque.
Hôtel California – Eagles (texte issu d’un article du Figaro Culture en date du 19 janvier 2016)